Emplois impactés par l’IA : quelles disparitions prévoir ?

15 % : c’est la part des emplois français exposés à un risque élevé d’automatisation, selon le Conseil d’orientation pour l’emploi en 2023. Ce chiffre dérange, surtout quand il s’agit de métiers longtemps jugés à l’abri, parfois même très qualifiés. Les dernières analyses ne racontent pas toutes la même histoire : pour l’OCDE, la finance et le droit pourraient être secoués ; d’autres études préfèrent miser sur la résistance des professions centrées sur l’humain.

Dans ce contexte d’accélération technologique, les entreprises et les partenaires sociaux s’activent : comment préparer le terrain pour les transformations du marché du travail d’ici 2035 ?

Quels métiers sont réellement menacés par l’intelligence artificielle ?

L’ascension de l’intelligence artificielle ne se limite plus aux robots sur les lignes d’assemblage. Le spectre des emplois impactés par l’IA s’élargit, entraînant dans son sillage des pans entiers de métiers longtemps considérés comme sûrs. Prenons les agents de service client : leur quotidien bascule alors que chatbots et assistants virtuels prennent en charge les réclamations, jonglent avec les demandes d’informations et, parfois, surpassent l’humain en rapidité. La saisie de données, autrefois pierre angulaire de nombreux postes, s’étiole face à des algorithmes capables de trier, analyser et restituer l’information à une cadence que l’on n’imaginait pas il y a cinq ans.

Voici quelques exemples concrets de secteurs et fonctions déjà bousculés :

  • Dans les back-offices bancaires, la vérification de dossiers et le contrôle de conformité s’automatisent à grande vitesse.
  • Côté traduction, l’intelligence artificielle générative propose des traductions instantanées, désormais jugées suffisantes pour une bonne partie des échanges professionnels.
  • Pour les rédacteurs de contenus techniques ou standardisés, la production de fiches, rapports ou notices est désormais largement confiée à des générateurs automatiques.

Le travail administratif est en ligne de mire : outils d’automatisation, gestion documentaire intelligente… Les secrétaires et assistantes voient leur rôle se réduire à peau de chagrin, surtout quand leur quotidien se résume à des tâches prévisibles et répétitives. Même les métiers du support informatique d’entrée de gamme se retrouvent concurrencés par des diagnostics automatisés, qui règlent les problèmes courants avant que le salarié n’ait eu le temps de décrocher son téléphone.

La menace de l’intelligence artificielle n’épargne guère de secteurs : banques, traduction, data, gestion de contenu… Tous voient leurs repères bouger. La rapidité du changement est telle que la question n’est plus de savoir si l’on sera concerné, mais quand. Rester sans réaction, c’est accepter que le fossé se creuse entre ceux qui anticipent et ceux qui subissent.

Entre gains de productivité et nouveaux risques : l’hybridation homme/IA à la loupe

Automatiser les tâches répétitives n’a plus rien d’une utopie. Les entreprises, qu’elles soient du tertiaire ou de l’industrie, s’emparent des outils génératifs pour accélérer les process et booster la productivité. L’intelligence artificielle impacte en profondeur l’organisation du travail : de plus en plus de fonctions support et de service client basculent sur l’automatisation. Côté salariés, le quotidien se transforme. Certains y trouvent une nouvelle marge de manœuvre, une efficacité décuplée. D’autres, au contraire, se voient sommés de jongler entre plusieurs missions, souvent très diverses.

Cette collaboration homme-machine redéfinit les contours de la vie professionnelle. Les qualités strictement humaines, créativité, empathie, sens critique, prennent davantage de poids, tandis que les algorithmes absorbent la logistique, la rédaction répétitive ou les petits soucis à résoudre au fil de la journée. Ce rééquilibrage change la qualité de vie au travail : d’un côté, moins de tâches fastidieuses ; de l’autre, l’obligation constante d’apprendre et de s’adapter.

Trois points résument les effets immédiats de cette transformation :

  • Le traitement administratif gagne en rapidité et précision, ce qui allège certains postes mais les rend aussi plus rares.
  • Les emplois à faible valeur ajoutée deviennent vulnérables face à l’automatisation galopante.
  • De nouveaux métiers hybrides émergent, mêlant compétences techniques et humaines.

Si la qualité des services évolue, les tensions ne disparaissent pas : collectifs morcelés, peur de devenir « dépassé », nouvelles inégalités face à la capacité d’adaptation. Les entreprises, conscientes de cette zone de turbulences, cherchent à repenser l’accompagnement des équipes et à ne pas laisser la machine prendre toute la place.

À quoi pourrait ressembler le marché du travail en 2035 selon les experts ?

Les projections sont claires : le marché du travail de 2035 sera méconnaissable, remodelé par l’intelligence artificielle. Les spécialistes ne prédisent pas la fin du travail, mais un vaste glissement d’emplois, bien plus qu’une simple disparition. Les métiers liés au traitement de données, à la gestion administrative ou à la relation client seront les premiers à se métamorphoser sous la pression des algorithmes et de la robotisation. En parallèle, de nouveaux besoins se dessinent, ouvrant la voie à des métiers inédits.

Trois tendances majeures se dessinent selon les observateurs du monde du travail :

  • L’essor des emplois qualifiés dans la technologie et la data s’accélère.
  • Les métiers à forte composante créative, sociale ou éthique connaissent un regain d’intérêt.
  • Les secteurs historiques comme la santé et la finance se transforment en profondeur, exigeant des profils nouveaux et agiles.

Les chefs d’entreprise dans les économies développées misent sur la création d’emplois liés au développement, à la maintenance et à la supervision de systèmes intelligents. Mais le risque d’exclusion plane sur les postes peu qualifiés ou standardisés, notamment dans les centres d’appels ou l’administratif. Pour rester dans la course, il faudra s’adapter sans relâche, car l’impact de l’intelligence artificielle ne se limite pas à des suppressions de postes : il impose une redéfinition permanente des compétences et une mobilité professionnelle sans précédent.

Jeune femme en industrie observant une ligne robotique

Dialogue social et évolution des compétences : des leviers essentiels pour s’adapter au changement

La formation continue devient la clé pour ne pas rester sur le quai alors que le train de l’intelligence artificielle file à toute allure. Syndicats et directions s’installent à la même table pour imaginer des parcours adaptés, anticiper la disparition de certains postes et préparer l’émergence de nouveaux métiers. Ce travail collectif n’a rien d’un exercice de façade : il façonne l’avenir de la gestion des talents et de la reconversion professionnelle.

Des secteurs déjà sous tension, centres d’appels, gestion administrative, service client, illustrent la vitesse du changement. Pour limiter la casse, les partenaires sociaux réclament des dispositifs robustes de développement des compétences et d’adaptation. Le droit à la formation, désormais inscrit dans la plupart des accords collectifs, prend une portée nouvelle : il n’est plus seulement un filet de sécurité, mais un levier de justice et de compétitivité.

La réussite de cette mutation dépend de l’investissement réel de tous les acteurs du dialogue social. Les discussions tournent autour des moyens, du temps à accorder, des financements, de l’accompagnement au quotidien. Les salariés s’inquiètent de voir l’automatisation leur être imposée : ils attendent un vrai accompagnement, pour éviter d’être cantonnés à des tâches dévalorisées ou précaires. La gestion des emplois se transforme, appelant des réponses collectives et solides, loin de l’illusion d’une adaptation individuelle généralisée. La capacité à bâtir de nouveaux droits, à négocier le futur, pèsera lourd dans la balance face à une IA qui, sans garde-fous, pourrait décider seule du sort du travail.

Le futur du travail ne s’écrira pas dans les seules lignes de code des machines, mais dans la capacité collective à façonner des réponses à la hauteur du défi. Qui relèvera le gant ?

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